Ameur Ouagueni : 22 Août 1995. Journaliste et musicien de Châabi

Publié: 22 août 2014 dans Articles de presse

Mardi, 22 Août, 1995, Un journaliste du «Matin» assassiné

Ameur Ouagueni, responsable de la rubrique internationale du «Matin», est tombé sous les balles des terroristes à Alger.Ameur OUAGUENI. 21 août 95 jpg
AMEUR OUAGUENI, journaliste au quotidien algérien «le Matin», a été assassiné dimanche soir à el-Biar, sur les hauts d’Alger. Deux hommes lui ont tiré trois balles en plein visage alors qu’il arrivait devant le domicile de ses parents pour PARTICIPER à la cérémonie funèbre traditionnelle qui marque en Algérie le troisième jour de deuil: son père était mort trois jours plus tôt. Et c’est parce qu’ils savaient qu’Ameur Ouagueni viendrait forcément à cette cérémonie que les terroristes l’ont attendu et piégé. Grièvement blessé, notre confrère n’a pu être sauvé et il est mort dans la nuit de dimanche à lundi, à l’hôpital militaire de Aïn-Nâadja.

Agé de trente-six ans, marié et père d’une petite fille, Ameur Ouagueni avait travaillé à «Alger républicain» puis il avait été de la petite équipe issue de ce journal qui avait PARTICIPÉ à la création du «Matin». Il y dirigeait la rubrique internationale et avait beaucoup écrit ces dernières années sur la guerre en Bosnie et sur le Proche-Orient, réalisant de nombreuses interviews de dirigeants palestiniens.

Sa mort porte à 38 le nombre de journalistes assassinés en Algérie dans des attentats imputés aux groupes armés intégristes, depuis mai 1993. Parmi eux, figure le directeur du «Matin», Saïd Mekbel, assassiné en décembre 1994 alors qu’il déjeunait dans un restaurant situé près du siège du journal.

Touchée par ce nouveau coup, le troisième en moins d’un an, la rédaction du quotidien était hier sous le choc. Le 2 août, une ancienne collaboratrice du journal, Naïma Hamouda, avait été assassinée par balles, à Saoula, près d’Alger. Paralysée toute la matinée par la douleur, la rédaction s’est pourtant remise au travail en début d’après-midi pour que le journal sorte, normalement, mardi, et qu’Ameur ne soit pas mort en vain. «Nous avons décidé de continuer, coûte que coûte, et de maintenir la ligne éditoriale du journal», nous a déclaré Hassane Zerrouky, journaliste du «Matin», dont les lecteurs de «l’Humanité» connaissent bien la signature.

Une décision d’autant plus courageuse que l’Algérie est entrée dans une période particulièrement dangereuse, avec la multiplication des attentats terroristes et la nouvelle déclaration de guerre faite par le FIS contre l’élection présidentielle du 16 novembre. Le représentant du FIS à New York, Anouar Haddam, a appelé samedi les «combattants de la liberté à empêcher le scrutin», ce qui laisse prévoir de nouveaux attentats et de nouveaux meurtres.

Les partis alliés du FIS depuis la signature, en janvier dernier à Rome, d’un «contrat national», ont, pour leur part, l’intention de tenir dès septembre toute une série de meetings à travers le pays. Ils envisagent même d’en faire un à Paris, selon le secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri. Outre le FLN et le FIS, les signataires du contrat de Rome sont le Front des forces socialistes (FFS-Hocine Aït Ahmed) et le Mouvement pour la démocratie en Algérie d’Ahmed Ben Bella.

F. G.-R.
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