Œuvres et poèmes de Tahar DJAOUT
Œuvre de Tahar DJAOUT
Solstice barbelé, poèmes, Ed. Naâman, Sherbrouke, Canada, 1975. Couverture et dessins de D. Martinez.
L’Arche à vau-l’eau, poèmes, Saint Germain-des-Prés, Paris, 1978.
Insulaire et Cie, poèmes, Ed. de l’Orycte, Sigean, 1980. Couverture et dessin de M. Khadda.
Entretien avec Mouloud Mammeri, Editions Laphonic, Alger, 1988.
L’Etreinte du Sablier, poèmes, ronéoté, Alger, 1983
Les Rêts de l’oiseleur, nouvelles, Ed. E.N.A.L., Alger, 1984. Couverture de Slama.
Les Mots migrateurs, anthologie poétique algérienne, Ed. O.P.U., Alger 1984.
Les chercheurs d’os, roman, Ed.du Seuil, Paris, 1987.
Les vigiles, roman, Ed. du Seuil, Paris, 1987.
L’Exproprié, roman, Ed. François Majault, 1991.
Poèmes 1971-1973. Tahar Djaout a 17 ans.
Et déjà son cosmos :
« Et j’émis l’infâme désir d’éteindre jusqu’à
l’écraser sur ma poitrine d’ammonite
Le corps ruisselant des jeunes filles
Monsieur le Dévot je suis de l’Autre Race
celle des hommes qui portent
jusqu’au tréfonds de leur neurones des millénaires de
soleil
C’est à ce moment que le Dévot furieux me
déposséda
de ma peau et me jeta nu dans
les catalysmes nocturnes »
Dans « L’Arche à vau-l’eau » paru en 1978 aux éditions Saint-Germain des Près,
Tahar Djaout se place en poète de la Cité :
Poètes
Et le temples des Clartés
Bâti de vos vertèbres
Donnera-t-il enfin
Ce Pain que nous cherchons ?
J’entends monter de vous
La rumeur des fleuves
Et sourdre dans le sein
Et de vos squelettes têtus
Le refus de hisser
Le pavillon du silence »
Le recueil se clôt par :
« JE VEUX TOUT RECREER
DANS UNE CHAIR-ORAGE »
Entre temps :
« J’ai perdu à jamais
l’étoile guide de mon périple
et il faut traîner ô combien lourde ma peau de poète
sous l’œil-tentacules des miradors »
et : « JE CHANTERAI JUSQU’AU MOMENT
OU LA POSSESSION DEVIENT
ECLATEMENT CEREBRALE.
« assumerai-je la cruelle destinée
de vivre dans ma peau provisoire
ou ai-je ma place
parmi les étoiles ? »
Il n’a que : « Peur qu’on m’enlève mon rêve »
Cependant, « Rédemption » :
« de ma bouche
grotte obscure
depuis longtemps sans vie
Coulera la Parole
Porteuse de l’Espoir ».
En cinq poèmes : « Tam-Tam caniculaire ». Il expose sa peau africaine et ses origines cosmiques :
« Aujourd’hui, j’exige un alphabet
pour revendiquer ma peau
et exhiber à la face du monde
mes espoirs de classé ammonite
et édifier le sanctuaire de mon identité
Cette
peau berbère
peau nègre
peau livrée aux orientalistes
(malgré tout l’insolite des méridiens) »
…
« Afrique ma profonde devise
non pas écriteau soudé sur front d’esclave
…
mais hymne nouveau
né de nos bouches ressuscitées
mais bras puissants
ouvrant grandes les portes
à tous les mots séquestrés »
Il clame son « africanité totale » et sur
ses lèvres « éclate la colère de l’Afrique », « le mépris
des viscères et des organes à sensation » tandis que
« gicle la nuit de mes pores
d’ébène
et défilent devant moi les lions et les gazelles »
Au 5ème quatrain éclopé, il écrit :
« J’ai vu Dieu cette nuit
Chose étrange
Il n’avait pas peur
De moi »
Ce poème « Résurrection » est placé avant
« Vos vérité nauséabondes » dans lequel il dit :
« j’ai mordu mon poignet
pour ne pas blasphémer »
avant « Le Bréviaire du roi » qui se clôt par:
« Tuez-le mes fils
Il couve un verbe subversif »
avant :
« ils ont peur de la vérité
ils ont peur des plumes intègres
ils ont peur des hommes humains »
(In « Le 19 mars 1962 »)
avant « Chair-orage »
« je vois des pioches-éclairs
déchiqueter les rocs
pour en extirper
des espoirs fœtaux
je vois
aubes exhibant leurs fruits tentateurs
s’avancer dans les champs des faucilles
géantes
qui sapent les turpitudes des vieux
capitalismes
Caravanes d’Espoir
L’homme d’un Vietnam nouveau
Rayon d’un fier soleil
Une jeune Palestinienne »
Avant, « il y a 25 ans peut-être »
« Résurrection »
« Lorsque mon rêve disloqué
renaîtra à l’ultime manigance
de votre défaite
le monde n’aura plus
son absurde face aveugle
et tous les spectres
mutilés par vos flammes
et tous les rêves
écrasés sous vos doigts profanateurs
se lèveront livides
pour torturer vos insomnies
et limer vos faces infâmes
d’un éternel
J’Accuse
(ALGERIE ACTUALITE N° 1442 DU 1er AU 7 JUIN 1993)