Ce voleur qui…


 

(dernier billet – jour de son assassinat)

 

Ce voleur qui, dans la nuit, rase les murs pour rentrer chez lui, c’est lui.

Ce père qui recommande à ses enfants ne de pas dire dehors le méchant métier qu’il fait, c’est lui.

Ce mauvais citoyen qui traîne au Palais de justice, attendant de passer devant les juges, c’est lui.

Cet individu pris dans une rafle de quartier et qu’un coup de crosse propulse au fond du camion, c’est lui.

C’est lui qui, le matin, quitte sa maison sans être sûr d’arriver à son travail. Et lui qui quitte le soir son travail, sans être certain d’arriver à sa maison.

Ce vagabond qui ne sait plus chez qui passer la nuit, c’est lui.

C’est lui qu’on menace dans le secret d’un cabinet officiel, le témoin qui doit ravaler ce qu’il sait, ce citoyen nu et désemparé…

Cet homme qui fait le vœu de ne pas mourir égorgé, c’est lui.

Ce cadavre sur lequel on recoud une tête décapitée, c’est lui.

C’est lui qui ne sait rien faire de ses mains, rien d’autre que ses petits écrits, lui qui espère contre tout, parce que, n’est-ce pas, les roses poussent bien sur les tas de fumier.

Lui qui est tous ceux-là et qui est seulement journaliste.

 

 

Said Mekbel

commentaires
  1. boualemou dit :

    bonjour
    oui je me souvient comme ci cela datait d hier de ce billet le jour ou je l ai lu oui je me souviens (le matin était mon journal préféré)
    Tous les écrits passes sont et seront d actualité
    akirahma rabi asaidh

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