BAKHTI Benaouda est assassiné le 22 mai 1995 …

Publié: 24 Mai 2015 dans Articles, Articles de presse, hommages
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BEKHTI BenaoudaAzzedine MIHOUBI écrivain

«L’assassinat de Benaouda était contre la raison, la pensée et la liberté»

Algérie News : 18 ans après l’assassinat de feu Bakhti Benaouda, quel héritage nous a-t-il légué, selon vous ?
Azzedine Mihoubi : Je pense que Bakhti représente en lui-même un projet culturel. Je ne dirai pas projet d’un homme de culture car, il était cultivé, écrivain, critique et un académique suivant parfaitement les mouvements culturels et les différentes pensées à travers le monde. Il était porteur d’un projet qui aurait pu être la base d’une nouvelle culture contemporaine en Algérie, qui ne nie pas le patrimoine traditionnel et va vers l’avenir. Bakhti est l’un des noms de l’élite culturelle, car il était certain que l’Algérie n’avait d’autre choix que de sortir des questions de la pensée unique et l’idéologie dirigée, vers la libre pensée basée sur la critique et le respect de l’avis de l’autre. Pour cela, il sentait toujours qu’il était en course contre la montre; preuve, il était présent à toutes les conférences, les colloques, les tables rondes et la traduction, ce qui lui a permis de tisser un large réseau culturel. Donc, je peux dire que le coup qu’a reçu la culture algérienne un certain 22 mai 1995 est un assassinat contre la raison, la pensée et la liberté. Bakhti a laissé derrière lui, toutes les questions qu’il se posait et défendait sans cesse. Ces questions sont toujours d’actualité car elles ont trait à la modernisation de la société algérienne et à l’amélioration de son rendement en matière de pensée et de culture.

Vous parlez d’un homme qui se battait contre l’idéologie de la pensée unique et défendait la liberté. Cela nous emmène à nous demander ce qu’était Bakhti le journaliste ?
À chaque édition du journal Al-Djoumhouria dans lequel il exerçait, nous attendions du nouveau car il avait toujours une plus-value dans ses écrits. Il n’avait pas de réchauffé ou de consommé. Ce qui démontre que c’était un homme d’un esprit très ouvert. Sa pensée s’est développée davantage après les événements d’octobre 1988. Il appartenait à la génération qui était à la recherche de plus de champs pour la pensée et qui refusait les limites. C’est donc son attachement à la liberté et au droit à la critique qui a fait de lui un homme d’une telle dimension.

Quel est le souvenir qui vous a le plus marqué et lequel gardez-vous toujours de Benaouda ?
Il y en a beaucoup. Mais, le dernier souvenir que je garde de lui, c’est quelques jours avant son assassinat. Il m’appelait souvent pour me dire qu’Oran était devenue pour lui trop petite et qu’il fallait s’installer à Alger. Il me demandait de lui trouver un endroit à la capitale pour, me disait-il, avoir plus de présence et de participation et pouvoir exprimer mes idées de la meilleure façon possible. Ce sont tous les médias, les journaux et les institutions culturelles qui avaient leurs sièges à Alger. C’est pourquoi, il estimait qu’il avait besoin de côtoyer le maximum de gens avec lesquels il échangerait idées et débats. Bien qu’il ait pris une grande place à Oran, il voulait plus que ça. Je suis persuadé que même s’il était venu à Alger, il finirait, après une période, par dire qu’il voudrait être à Paris ou Beyrouth par exemple. Pourquoi ? Parce qu’il avait la pensée qui s’élargissait de jour en jour, en plus de ses rêves et ambitions en croissance continuelle.

Propos recueillis par Aïssa Moussi  

Lien  http://www.algerienews.info/lassassinat-de-benaouda-etait-contre-la-raison-la-pensee-et-la-liberte/

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